• L'ile à vache (Haïti)

    L'ile à vache (Haïti)

    Lors de notre route nous menant à Cuba, comme prévu, nous avons fait une halte de 2 jours à l’Ile à Vache, à Haïti. Dès notre approche de Port Morgan, nous croisons de multiples barques aux voiles rafistolées, hautes en couleurs et naviguant à fière allure, avec à bord 2 ou 3 pêcheurs. Une fois mouillé, nous sommes instantanément entourés par une dizaine d’enfants et adolescents, installés sur des embarcations de fortune : pirogues creusées dans des troncs d’arbres, vielles planches à voile, annexes trouées. Loin de l’agressivité des Boys Boat des iles touristiques des Caraïbes, ils nous accueillent avec le sourire et se présententIls nous souhaitent la bienvenue et nous demandent nos prénoms.Alors ils nous proposent  leurs services en toute quiétude et ne se formalisent pas si nous refusons : nettoyage de la coque du bateau, lessives, repas à terre "chez l'habitant", fruits, prise en charge de nos poubelles, et même vente du pavillon haïtien. 

    L'ile à vache (Haïti)

    Nous sommes au milieu de l’après midi et nous leur demandons pourquoi ils ne sont pas à l’école. Tout d’abords, il n’y a pas eu d’école le matin, pour cause de pluie. Ici pas de route goudronnée (il n’y a pas de voiture), pas de chemin en graviers, juste des sentiers en terre glaise, qui avec des averses deviennent  impraticables pour les enfants et enseignants, qui ont parfois plus d’une heure de marche pour se rendre dans leur école. D’autre part, l’école n’a lieu que le matin de 8h à 13h. Les après midis sont libres, et permettent aux enseignants d’avoir un second métier (tailleur, agriculteur, pêcheur…) et aux enfants d’apprendre leurs leçons ou plus simplement de s’amuser ou d’aider leur famille. 

    Nous demandons à ces premiers visiteurs d'aller prévenir  Pierre Sauny Jean, le président de l’association de l’école communautaire de Trou Milieu, que nous sommes arrivés. Il nous rejoint en fin d’après midi sur le bateau, et nous discutons longuement avec lui. Il y a 22 écoles sur l’ile, la plus part sont nationales, et certaines financées par des dons comme la sienne. C’est lui qui s’occupe du budget alloué par l’association française, soit 70 dollars par enfant inscrit et par an. L’école en compte actuellement  96. Ce budget doit couvrir les livres, fournitures scolaires, salaires des 5 enseignants, de la directrice. 

    Sauny doit venir nous chercher à 7h45 le lendemain, l’école se trouvant à moins de 300 m, afin de nous présenter et d’expliquer notre présence. Nous prenons aussi RV à 7h30 avec 3 jeunes à qui nous avons confié le nettoyage du bateau et la lessive de notre linge. 

    L'ile à vache (Haïti)

    Nous nous levons tous les 7 à 6h30, et retrouvons le stress des matins d’école : petit déjeuner vite avalé, préparation des cartables pour Lucien et Eve, petits en-cas, cadeaux pour les élèves (nous avons emmené stylos, crayons à papiers, feutres, cahiers et des bonbons)..Mais nous commençons à nous impatienter ! A 7h50 : aucun de nos RV ne s’est présenté et l’école commence dans 10 minutes ! Nous ne souhaitons absolument pas être en retard ! Nous partons donc pour la terre ferme avec notre annexe et trouvons un jeune homme, Junior, qui souhaite nous guider jusqu’à l’école de Trou Milieu. Pendant le trajet, nous nous mettons à pester contre le manque de respect des horaires…De plus, l’école n’est pas à 300 m ….mais à 3 /4 d’heure de marche à travers l’Ile, sur les petits sentiers. Nous sommes salués par les habitants. Nous aurions aimé avoir plus de temps pour nous arrêter et discuter. Nous ne pouvons que constater que les habitants vivent dans des maisons pas toujours en pierre, sans électricité, sans eau courante (nous croisons des enfants portant des seaux d’eau tirés au puits), la cuisine est à l’extérieur, sous des arbres, et les paysages sont superbes. Nous croisons quelques chanceux montés sur des ânes ou chevaux. 8h45, nous arrivons à l’école, dépités par notre retard. Et là, surprise, il n’y a qu’une personne, la cuisinière, qui nous indique que les enfants ne sont pas encore arrivés : et oui, nous ne savions pas que nous avions une heure de moins qu’en République Dominicaine. Il n’est pas 8h45, mais 7h45 ! Ce qui explique aussi nos RV manqués de ce matin …C’est eux qui doivent se demander où nous sommes passés ! Nous nous sentons ridicules d’avoir pesté contre le manque ‘de respect des horaires’ !

    Puis, nous réalisons que nous avons du nous tromper d’école. Sauny nous avait bien indiqué qu’il n’y avait pas de cantine dans son école et nous n’expliquons pas la présence de la cuisinière …Le directeur arrive et nous confirme : nous sommes certes à l’école de Trou milieu, mais l’école nationale, pas la communautaire…Junior nous fait donc rebrousser chemin et nous voilà à nouveau à galoper vers l’école, qui effectivement, est à moins de 5 mn à pied du débarcadère ! Un des enseignants de l’école nous dépasse sur son cheval et nous indique qu’il prévient tout le monde de notre retard …

    8h30, nous sommes enfin à l’école, les élèves sont magnifiques, habillés dans de beaux uniformes bleus, propres, repassés, les filles avec des perles et des rubans bleus et blancs tressés dans leur cheveux. Les plus grandes sont en tailleur. Ils se mettent en rang devant les enseignants, et après le discours de bienvenue à notre attention de Sauny, les enfants commencent à chanter l’hymne national en montant le drapeau haïtien. Nous passerons la matinée à l'école. Une matinée à leur poser des questions (enfants, enseignants, Sauny), prenant de multiples photos et vidéos des cours pour les étudiantes de la Rochelle, Lucien et Eve sont élèves d'un jour, ensemble dans la même  classe. (CF / lien sur compte rendu). Tous les cadeaux sont très appréciés et malheureusement nous n’avons pas pensé à emmener des feutres Viléda (leur tableau sont blancs), ni assez de stylos billes. Nous assistons à leurs jeux pendant la récréation (billes avec des pierres, jeux de danse avec les pieds ), et nous observons qu'ils n'ont pas un seul ballon dans la cour. On se promet de leur en faire parvenir. La matinée passe vite et est intense en échange !

    L'ile à vache (Haïti)

    Nous revenons au bateau, vidés et heureux de ces rencontres. Nous nous posons aussi beaucoup de questions : pourquoi les livres et les exercices sont en français alors que les enseignants interviennent en créole, pourquoi doivent ils partager 1 livre à 3 ou 4 élèves, pourquoi des ordinateurs dans une salle mais il n’y a pas d’électricité, pas d’eau dans l’école, comment font ils pour travailler dans ces classes très sonores et très sombres. En tout cas, nous avons trouvé des enfants très consciencieux, des enseignants motivés et un programme scolaire d’un bon niveau ! La suite de la scolarité (collège, lycée) se fait ensuite sur l’Ile d’Haiti, selon les moyens des parents. 

    L'ile à vache (Haïti)

    Nous finissons la journée en allant manger chez la mère d’Aschley, un des jeunes nous ayant proposé des repas. Les lampes frontales sont allumées nous permettant de trouver notre chemin dans le noir complet, sur les sentiers toujours aussi glissants. La table est mise et l’unique lampe à pétrole de la maison éclaire les convives…Poissons grillés et en sauce, riz aux haricots, légumes, abricots pays composent le repas. Ils nous expliquent que de vieilles batteries usagées leur permettraient d’avoir de la lumière dans la pièce (il y a au centre du village un système installé par une ONG qui permet avec des panneaux solaires de venir brancher des téléphones portables ou batteries afin de les recharger. Mais chose improbable, ils possèdent plus de téléphone portable à recharger que de vielles batteries). A notre retour au bateau, nous repartons immédiatement avec JL pour essayer de relever la météo car nous prévoyons de partir dans la nuit. Alors que nous nous dirigeons vers le seul hôtel de l'ile où nous savons trouver du net, nous faisons une rencontre insolite : un musicien français, à la retraite et amoureux d’Haïti nous propose de venir chez lui et d’utiliser sa clef 3G, l’internet de l’hôtel étant en panne. A 70 ans, cet originaire de Haute Savoie, est à nouveau papa depuis le matin même !!!! Nous fêtons simplement l'heureux événement avec lui et reprenons notre route, après nous être assuré d'une météo clémente.

    L'ile à vache (Haïti)

    Décidément, notre séjour a l’Ile à Vache a été bien trop court, il nous faudra revenir. Ses habitants, ses paysages, la richesse des rencontres, bien loin de l’image catastrophique souvent montré par les médias nous ont vraiment séduits. Néanmoins, il ne faut pas se voiler la face, les conditions de vie sur Haïti par contre sont extrêmement dures, le choléra, la violence et la misère règnent. L’Ile a Vache est juste un peu plus préservée. Ainsi, une habitante, à qui nous avons acheté un régime de bananes, vient de se voir ‘donner’ par une maman des "Cayes" à Haïti, 2 jeunes enfants 7 et 4 ans, car leur maman savait que sur l’Ile à Vache, dans cette famille, au moins ils auraient à manger (oui, oui, donner). Triste réalité de ce pays qui avec un nouveau gouvernement récemment élu est néanmoins sur la voie de la reconstruction et du nettoyage de la corruption. Ce pays a vraiment des atouts pour s’en sortir, comme sa voisine la République Dominicaine : plages magnifiques pour futurs touristes, ressources naturelles, pêche, habitants accueillants...

    Plus de photos sur le lien Ile à vache 

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  • Commentaires

    2
    Flo Lenain
    Jeudi 28 Février 2013 à 20:36

    Titouan: "Mais Eve et Lucien n'ont pas leur uniforme ?!"

    Simon: "Elle est trop grande la piscine, elle est trop bien !"

    1
    doyen
    Jeudi 28 Février 2013 à 08:47

    contente d'avoir repris notre feuilleton!!! je vois que l'aventure est toujours aussi passionnante!vous devez attendre les "parisiens" avec impatience!!!!avec l'hiver que nous avons ils vont étre heureux de voir le soleil,je suis rassurée!!!par la photo avec jean-louis!! loulou aura sa banane tous les matins!!!!!  bises a vous 5   patricia& jean-paul 



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